Comment transformer un canapé IKEA en un canapé unique !
Mardi, je vous ai montré notre canapé relooké. Aujourd’hui, je vous explique comment j’ai procédé. Je vous le dis tout de suite, on est ici sur un DIY ambitieux qui relève plus du design, de la menuiserie et de la couture que du bricolage vite fait. Il faut du temps, pas mal de jus de cerveau, beaucoup de patience, un atelier bien équipé et une bonne machine à coudre. Mais, à cœur vaillant, rien d’impossible !
Ce n’est pas un projet forcément coûteux. Tout dépend de l’essence de bois et de la qualité du tissu que vous utiliserez. Ce que je trouve intéressant cependant c’est d’apporter des matériaux nobles à une structure basique. En tout cas c’est ce que j’ai fait en travaillant du chêne massif et des lins de très grande qualité de l’éditeur français Casamance.
Je ne vais pas vous faire ici un pas-à-pas hyper précis visant à reproduire à l’identique mon canapé. Je n’en vois pas vraiment l’intérêt. Je vais par contre partager avec vous les grandes lignes méthodologiques du projet pour que, si il vous inspire, vous vous ayez bien en tête les différentes étapes 😉
Temps nécessaire
Pour la partie menuiserie, prévoir une à deux heures par jour, pendant plusieurs jours, pour respecter les différents temps de séchage. Pour la couture, il faut bien 2 à 3 jours de travail. En tout, ce projet m’a occupé sur 15 jours.
Difficulté
Technique, que ce soit pour le travail du bois ou pour la partie confection des housses de canapé. Une expérience préalable dans les deux domaines est préférable.
Matériel
- un canapé dont la structure et les mousses sont en bon état mais qui a besoin d’un coup de jeune (le mien est le modèle 3 places Karlstad qu’IKEA ne fait plus)
- du bois massif (pour les finitions en biseaux) : les dimensions des planches seront fonction des dimensions du canapé mais sachez qu’il vous faudra des planches de minimum 18 mn d’épaisseur
- outils pour le bois : scie plongeante montée sur banc de coupe équipé d’un rail (sauf si vous faîtes couper votre bois en GSB) ; fraiseuse ou nécessaire pour assemblage en tenon mortaise ; colle à bois ; grands serre-joints ; défonceuse ; ponceuse ; perceuse visseuse ; vis à bois ; pâte à bois ; vernis incolore mat et tout le nécessaire classique d’un atelier (mètre ruban, règle, pinceaux…)
- du tissu d’ameublement qualité assise (en grande laize de préférence) : les dimensions du tissu seront fonction des dimensions du canapé
- une machine à coudre, du fil de la couleur du tissu, des fermetures éclair et tout un nécessaire à couture
Coût (hors outillage et matériel de base)
Le coût est fonction de l’essence de bois et du tissu (rapportés aux dimensions du canapé), il n’est pas possible d’annoncer un montant absolu. Je peux vous dire cependant que j’en ai eu pour 200 euros de bois de chêne et que le tissu représentait une enveloppe d’au moins 300 euros (housses du canapé + sofa cover + coussins).
Réalisation de la structure bois
Première étape : simuler les volumes
Commencez par faire des simulations de volumes à l’aide de chutes de planches de bois (ou de bouts de cartons). Prenez des photos et comparez les différentes options jusqu’à trouver la combinaison qui vous conviendra. Par exemple, ci dessous, deux versions que je n’ai pas retenues car, à l’œil, j’ai immédiatement su que ça n’allait pas.
En surélevant le bois des accoudoirs (qui allait jusqu’au sol dans la simulation précédente), j’ai validé que c’était la version avec les pieds visibles du canapé que j’allais retenir. J’ai aussi présenté l’essence de bois choisie (le chêne) et décidé que j’opterai pour une finition biseautée pour plus de confort.
Deuxième étape : dessiner les plans
C’est le moment de coucher vos plans sur papier, vous pouvez bien sûr faire vos simulations avec un logiciel 3D si vous préférez. Relevez vos cotes avec précisions. N’oubliez pas d’ajouter quelques centimètres pour les traits de coupes et pensez bien aux recouvrements en limitant au maximum les tranches visibles. C’est sur la base de ces mesures que vous pourrez établir le nombre de planches nécessaire (1 planche de 30 x 120 cm, 1 planche de 30 x 200 cm et 2 de 50 x 200 cm ici).
L’idée est ici d’habiller les deux accoudoirs de caissons creux que l’on va venir enfiler comme des chaussettes sans avoir à les fixer à la structure du canapé. Il ne restera ensuite que 2 planches à fixer : celle du bas et celle du dos. Il faut bien phaser les étapes des différents assemblages : certains se font en atelier (les caissons creux), d’autres in situ (les planches).
Troisième étape : premier assemblage à blanc
Après avoir découpé le bois, présentez les éléments pour vous assurer que tout correspond bien à vos plans initiaux. Procédez ensuite à la défonce des jonctions. Chanfreiner les angles vous apportera un confort indéniable en plus d’une jolie finition. Cela consiste à effectuer, à l’aide d’une défonceuse, une petite coupe en biseau sur une arête pour obtenir une surface oblique.
Quatrième étape : ponçage et assemblage
Le ponçage est une étape très importante pour que le contact avec le bois soit agréable. Il s’effectue en 3 passages avec un grain de plus en plus fin (80, 120, 240). C’est long et fastidieux mais, à la fin, vous obtenez un bois doux comme une peau de bébé !
Pour l’assemblage des caissons creux destinés aux accoudoirs, le tenon mortaise est la meilleure technique. Les fixations seront ainsi complètement invisibles et la structure tiendra dans le temps sans se déformer. Si vous n’avez pas de fraiseuse, vous pouvez utilisez un gabarit de chevillage. Dans tous les cas, il faut impérativement être généreux en colle à bois et utiliser des serre-joints appropriés. Par précaution, nous laissons toujours sécher en place durant minimum 24 heures.
Une fois vos assemblages bien secs, retirez l’ancienne housse du canapé (démontez puis remontez les accoudoirs au besoin) et enfichez les caissons sur les accoudoirs, par le haut. C’est aussi simple que cela. Le poids du bois fait qu’il n’est pas nécessaire de fixer le caisson au canapé.
Pour la planche de devant, le plus simple est de la fixer par l’arrière. Veillez bien entendu à ce que vos vis à bois soient suffisamment longues pour bien maintenir le bois mais pas trop pour ne pas le transpercer. 4 points d’accroche suffisent.
La planche de derrière peut être fixée par le dessus car elle sera peu visible. Veillez cependant à fraisez les trous (4 suffisent) et à les reboucher avec de la pâte à bois.
Tadam !! Pas mal non 😉 ??
Cinquième et dernière étape : la protection du bois
Il ne vous reste plus qu’à vernir votre bois en 2 couches fines avec un égrenage au grain fin (240) entre les couches. Je suis une inconditionnelle du Vernis Cuisines et Bains de chez V33. Il est très facile à appliquer, ne coule pas, ne sent pas, ne jaunit pas dans le temps, imperméabilise bien, les pinceaux se nettoient à l’eau et il est indétectable à l’œil avec son aspect incolore mat.
Pour les pieds, libre à vous de les changer. Moi j’ai changé les pieds d’origine rectangulaires pour des pieds ronds que j’ai peint dans le même vert que le caisson de rangement qui se trouve à côté du canapé.
Habillage textile
Première étape : le choix des tissus
La qualité du tissu est essentielle pour le rendu, la tenue, le confort et la durée dans le temps. Pour les housses du canapé et le sofa cover, il faut utiliser un tissu d’ameublement dont la destination (qualité siège) et la martindale (résistance à l’abrasion d’au moins 20 000 tours) seront adaptées à un usage quotidien intensif.
Pour des raisons pratiques, les housses doivent impérativement être amovibles et lavables en machine. Préférez des laizes de 300 cm pour plus de confort de travail et n’oubliez pas de laver votre tissu à 30°C avant couture pour prévenir tout risque de rétrécissement.
Mon choix s’est porté sur Casamance, un éditeur et fabricant français de tissus d’ameublement haut de gamme avec lequel j’ai la chance de collaborer depuis plusieurs années. Haut de gamme et qualité irréprochable ne sont pas forcément synonymes de luxe inaccessible. Beaucoup de références chez Casamance ont d’excellents rapports qualité-prix ! Connaissant la qualité de leurs lins, c’est tout naturellement chez eux que j’ai sélectionné les 3 références suivantes, dans un camaïeu de beiges :
Pour les housses du canapé (coussins d’assise et dossiers), j’ai utilisé la référence CYAN : c’est un lin de densité moyenne, ni trop épais, ni trop fin, à l’effet chiné qui donne une belle profondeur (100% lin, origine France, 100% éco-responsable, Label European Flax – existe en 25 couleurs en laize 298 cm). J’ai pris 4 mètres.
Pour le sofa cover, j’ai utilisé la référence CÔTÉ LIN : c’est un lin bien épais et costaud tout en étant souple, il assure une protection parfaite contre les griffes de nos chats (100% lin, origine France – existe en 5 couleurs en laize 300 cm). J’ai pris 2 mètres.
Pour les coussins, j’ai utilisé la référence NEW CASUAL : c’est un lin plutôt fin avec un finish très doux et léger, une vraie caresse (100% lin, origine France, Label European Flax – existe en 28 couleurs en laize 303 cm). J’ai pris 1 mètre.
Pour choisir les couleurs, je me suis rendue dans le showroom parisien de Casamance, rue du Mail, dans le Sentier. Vous pouvez y retirer des échantillons pour valider vos choix, chez vous, avec la lumière de votre intérieur. Pour la commande et la confection, il faut généralement passer par un professionnel (décorateur, tapissier…). Si vous n’avez aucun contact de tapissier, je peux vous conseiller Catherine de l’Atelier Compas. C’est une professionnelle très rigoureuse, artisan d’art auprès de la Chambre des Métiers du Gard. Elle vit et travaille dans le sud de la France mais la confection de housses peut se faire à distance. Aillez bien conscience que c’est beaucoup d’heures de travail et que, forcément, c’est une prestation qui a un coût plutôt élevé (il faut demander un devis avec vos mesures précises mais je dirai qu’il faut compter au minimum 500 euros).
Pour le choix des coussins, je fonctionne aussi à la simulation visuelle 😉 J’ai essayé avec des garnitures carrées : ça n’allait pas (photo de gauche). Avec des formes rectangulaires par contre, c’était bien (photo de droite).
Première étape : découdre les housses existantes
C’est une étape indispensable. Elle est longue et fastidieuse (mais vous pouvez écouter des podcasts pendant ce temps !). L’objectif est de récupérer les formes exactes des housses existantes pour réaliser vos patrons, bien comprendre comment vous allez coudre vos nouvelles housses, récupérer les fermetures éclair et calculer les métrages qu’il vous faudra acheter. Il n’est pas nécessaire de tout découdre en une fois. Au contraire, il est plus judicieux de garder une housse de chaque (assise et dossier) non décousue pour pouvoir s’y référer en cas de doute au moment de l’assemblage.
Deuxième étape : le patronage
Épinglez vos différents morceaux faisant offices de patrons sur votre nouveau tissu puis découpez suivant le pourtour. Pour arrêter le délitement de la maille du tissu, surfilez tous les contours. C’est beaucoup plus long qu’un ourlet classique mais vos housses n’auront aucune surépaisseur. Le fini sera beaucoup plus qualitatif.
Deuxième étape : l’assemblage « moulage »
Une fois les différents morceaux prêts, « moulez-les » avec des épingles à couture autour de vos coussins, en veillant à laisser une ouverture pour le « démoulage ». Soyez au plus prêt de vos formes à recouvrir. Si vous laissez trop de « jus », la housse flottera et ce ne sera pas satisfaisant. Sauf si vous utilisez un tissu qui ne se détendra pas du tout, n’hésitez pas à prévoir un peu serré.
Troisième et dernière étape : la couture
Il suffit à présent d’assembler toutes les housses par un point classique, mais costaud, à la machine à coudre. Vous terminerez par les ouvertures en les équipant de fermetures éclair zip, comme l’étaient les housses initiales.
Pour le sofa cover, j’avais publié un tuto ici l’an passé. Pour les housses de coussins, j’ai utilisé la même technique de « l’enveloppe » que pour le sofa cover. C’est très rapide et très facile à faire. Je vous mets un lien vers un autre tuto illustré, ici, si vous avez du mal à comprendre comment procéder.
Retour d’expérience
Que vous dire ? Je suis aux anges avec notre nouveau canapé ! Je le trouve magnifique et je suis ravie du travail accompli dans une logique d’upcycling. Le bois est très doux au touché, les accoudoirs sont très pratiques pour poser toutes sortes de choses (son téléphone, un verre, une tasse…). Le plaisir du touché et la beauté du lin sont incomparables. Si vous aimez vous allonger de tout votre long sur votre canapé (c’est mon cas), n’oubliez pas de prévoir deux coussins spéciaux, au rembourrage ferme, pour plus de confort au niveau des accoudoirs. Un conseil : si vous vous lancez, évitez de le faire avant un déménagement ou alors prévoyez de très gros bras parce, qu’après relooking, la bête pèse très lourd 😉
Vous aurez sans doute remarqué la table basse devant le canapé. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour vous la présenter. C’est aussi l’une de mes créations 😉
* Article rédigé sans contrepartie financière mais suite aux dons de produits, testés & approuvés !