In Memory…
Revenir ici prendre la parole sur le blog alors que, comme beaucoup, j’ai passé tout mon temps confiné sur Insta. Revenir à Paris après presque 3 mois dans le Morvan, revenir après une période historique sans précédent…
Revenir comme après les attentats, revenir comme après les incendies d’Australie, revenir après le chaos et le calme, revenir alors que le monde a tant souffert, alors que notre confinement à nous était si doux.
Je pensais revenir bien plus tôt par ici. J’avais fait une tentative avec ce post, mais vraiment, je n’avais pas la tête à l’ordi. Je n’avais la tête qu’à notre maison et à notre Morvan, à ce temps donné là, dans ce nid que nous nous sommes construit.
Comme beaucoup, j’ai commencé par nettoyer, trier, ranger. J’ai d’ailleurs retrouvé quelques vieilles photos collector et un émouvant carnet ayant appartenu à ma grand-mère maternelle… qui n’avait pas eu la chance de faire d’études.
Comme beaucoup aussi, j’ai passé énormément de temps dans ma cuisine (et infiniment apprécié de l’avoir conçue aussi agréable à vivre !). J’ai osé cuisiner et pâtisser des choses que j’adore pour la première fois de ma vie (arancini, rouleaux de printemps, lasagnes veggies, falafels, ceviche…). Un élan encouragé par la découverte de l’approche hyper intuitive et généreuse d’Héloïse Miss Maggie’s Kitchen dont j’ai testé beaucoup de recettes simples et néanmoins délicieuses.
Le corps avait besoin de réconfort mais aussi d’action. Se fatiguer pour ne pas trop penser. J’ai fait des choses dont je ne m’imaginais pas capable : déplacer une tonne de graviers qui nous gâchait la vue depuis bien trop longtemps, des tas de bois pour récupérer de quoi alimenter notre poêle (il a neigé une fois chez nous pendant ce confinement !), construire une mini-terrasse pour nos poubelles avec le reliquat de pavés de notre grande terrasse… tout ça seule, sans Benjamin qui travaillait plus que jamais.
J’ai fait beaucoup de mini-chantiers DIY aussi. Des luminaires pour commencer : une suspension en palmes de cycas, une autre suspension ainsi qu’une lampe à poser en feuille de pierre translucide StoneLeaf. Mais aussi des restaurations de meubles et des créations from scratch dont un bout de canapé, J’ai partagé tout cela en story sur Instagram.
Toute mon énergie s’est concentrée sur des activités manuelles, notamment à l’étage. Comme nous devions être 15 jours en vacances-chantier début avril, nous avons eu la chance d’être livrés de notre commande de matériaux juste au début du confinement. Cela nous a permis de bien avancer sur la salle-de-bains de l’étage, mais uniquement les week-ends car Benjamin a décidé d’annuler ses congés pour organiser le télétravail de ses équipes.
Nous avions déjà acheté la baignoire, les WC, la vasque et la plomberie et mes partenaires sur ce projet (Libéron et Mercadier) m’avaient livré bien en amont du lockdown. Nous avons ainsi pu aller jusqu’aux applications de peinture et de béton ciré (un tuto est prévu pour bientôt) ! Je ne vous montre rien pour l’instant car il nous reste encore à nous occuper du sol, construire les verrières et réaliser toutes les finitions mais le plus gros est derrière nous. Bientôt, nous attaquerons enfin l’entrée et nous pourrons faire appel à un menuisier pour installer enfin l’escalier ! Si vous saviez comme il me tarde, je déteste grimper à l’échelle.
À vrai dire, nous avons été tellement occupés que nous avons à peine lu et quasiment pas regardé de séries. Une seule vraiment notable, que je vous recommande vivement, quoique pas évidente à regarder dans le contexte de la crise sanitaire : la saison 3 de « Baron Noir » (Canal Plus). Un documentaire bouleversant aussi que je n’oublierai jamais : « Les enfants du 209 rue Saint-Maur » de Ruth Zylberman (à voir en replay sur Arte). Et enfin un podcast littéralement extra-ordinaire : « CERNO L’anti-enquête » de Julien Cernobori.
Un autre chantier important sur lequel nous avons avancé, c’est celui du potager. Pendant des années, nous étions bloqués par l’attente des travaux de notre station d’épuration dont nous savions qu’ils ravageraient le jardin. Maintenant que ces travaux ont eu lieu et que nous savons quels sont les endroits sur lesquels nous ne pouvons pas cultiver, nous avons pu élaborer la conception globale des espaces outdoor : emplacements de la serre, de la cabane à outils, du bûcher de stockage, des carrés potagers, du verger conservatoire, du poulailler… Benjamin aimerait même avoir des ruches ! Et moi, une biquette 😉 Confinement oblige (nous n’avons volontairement rien commandé de superflu durant 2 mois) , ce chantier est resté au stade de la conception mais nous avons choisi en ligne notre serre et avons hâte de la commander maintenant !
Pour tout vous dire, en mars, au début du confinement, je n’étais pas du tout dans une logique de partage de notre expérience de « l’enfermement ». Simplement parce que cela n’en était pas vraiment un pour nous. Nous vivons toujours un peu en ermites dans notre Dreamhouse. Le décalage était immense entre la sérénité de notre situation personnelle et la réalité de ce qui se passait dans le pays et le monde. Aucun proche malade, pas d’enfants à gérer, pas de problèmes de promiscuité subie, beaucoup d’espace, de quoi s’occuper des semaines entières, le confort du télétravail pour Benjamin, le calme, la verdure, les extérieurs de notre maison… jusqu’aux courses qui me stressaient beaucoup au départ mais qui se sont finalement toujours très bien passées, sans queues ni pénuries. Certes beaucoup des partenariats en cours de Misc avec des marques ont été gelé (certains à mon initiative ; il était hors de question que j’incite à commander en plein confinement sans différé de livraison possible des choses non essentielles) mais ce n’est rien comparé à la situation de nombres de travailleurs indépendants. Dorénavant, plus que jamais, il est de notre responsabilité de flécher en conscience notre consommation : soutenir l’artisanal, le local, le responsable…
Je trouvais donc indécent d’exposer notre vie presque normale à la Dreamhouse. Et puis, dès le premier chant d’oiseaux partagé sur Instagram, dès le premier fruitier en fleurs photographié, j’ai reçu un flot de messages me demandant de continuer de montrer cette nature si apaisante qui manquait cruellement à la grande majorité des citadins.
Je m’étais imposée un confinement strict, plus par solidarité de principe que par peur d’être contaminée (notre département a l’une des densités les plus faibles de France). Les sorties se sont donc limitées aux courses alimentaires tous les 15 jours et quelques pas dans notre jardin et notre pré. Je n’ai poussé qu’une fois juqu’au lac en bas de chez nous. Et, après le 11 mai, nous ne nous sommes accordés que deux promenades dans des forêts voisines (j’ai laissé à la Une sur IG ces deux escapades). Autant de petites respirations vertes partagées avec plaisir me donnant parfois l’impression d’être l’attachée de presse Insta du Parc naturel régional du Morvan 🙂
Cette période hors du commun nous a prouvé à quel point notre souhait de construire notre vie ici était profond. À quel point la capitale ne nous manquait pas et la surconsommation encore moins. Observer chaque jour la nature passer de l’hiver au printemps a été un bonheur simple mais immense. Renouer, comme à l’époque du Tour du monde, avec un quotidien passé en couple H24, une évidence. Offrir un extérieur à nos chats et pouvoir nourrir ceux de leur famille qui sont sauvages, une joie. Le slow lifestyle nous va bien et depuis longtemps, il correspond bien à nos tempéraments et à notre philosophie de vie.
Maintenant s’ouvre un futur qui reste à construire. J’avais des envies d’activités professionnelles tournées vers l’architecture d’intérieur, je sais à présent avec certitude que la valorisation du Morvan me tient tout autant à cœur. Je réfléchis à allier les deux, sans passer par la case maison d’hôtes qui ne nous correspond pas avec Benjamin. J’ai des idées aussi pour commercialiser à nouveau certaines de mes créations. Dans le contexte d’un territoire pauvre et d’un pays qui va au devant d’une crise économique majeure, j’ai bien conscience que ça risque d’être compliqué… D’autant plus que, pour Benjamin aussi, c’est encore l’inconnu. Le télétravail risque de ne plus durer très longtemps malheureusement.
J’allais oublier ! Il m’est arrivé une petite chose fort sympathique pendant ce confinement 😉 Tandis que je déclinais deux invitations à des lives Insta de type home tour, le site du magazine culte Milk Décoration a partagé l’un de mes DIY et parlé de mon travail en des termes supra élogieux (l’article est ici) ! La consécration quoi 😉
Voila. J’espère que vous et vos proches allez bien. Je vous dis à jeudi, pour un nouveau Crush archi !