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Designer, créateur d’objets et de mobilier.
J’ai découvert le travail de Jérémie via son compte Instagram et j’ai eu un énorme coup de cœur pour sa série de vases-sculptures en ciment inspirés de l’architecture des châteaux d’eau. Ils m’ont tout de suite rappelé le travail des photographes allemands Bernd et Hilla Becher que j’avais découvert à Beaubourg (lors de cette expo).
Avec Jérémie, affinités béton obligent, on a fini par se rencontrer dans la vraie vie, l’occasion de découvrir son petit coin de paradis, un atelier bucolique dans un village des Yvelines charmant à souhait. Jérémie est un artiste, vrai, entier, passionné, humble, généreux. J’espère que cet interview vous donnera envie d’en savoir plus et, je l’espère, d’adopter comme moi une de ses œuvres !
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Quel est ton parcours Jérémie ?
J’ai fait des études d’architecture pendant lesquelles je travaillais le week-end dans l’atelier d’un antiquaire du marché Paul Bert de Saint-Ouen. A la fin de mes études j’y travaillais à temps plein, cela m’a permis de développer ma créativité et d’appréhender différents outils et matériaux.
Ces années ont enrichi mon intérêt pour le design et mon envie de produire mes propres créations. Aujourd’hui je crée ma propre gamme d’objets et de mobilier en série limitée dans mon atelier à Neauphle-le-Château.
Depuis quand as-tu commencé ton travail créatif ? Quel a été le déclic pour te lancer ?
J’ai quitté les Puces afin de lancer mon activité et faire un travail plus personnel. Mes premières créations étaient des pièces uniques plutôt art contemporain, et aujourd’hui je dirais que mon travail est à mi chemin entre l’art et le design. J’aime que mes objets ne soient pas justes décoratifs mais qu’ils enferment une idée et qu’ils aient plusieurs degrés de lecture.
Le béton est l’un de tes matériaux de prédilection, que représente-t-il pour toi ?
Lorsque je me suis installé dans mon atelier, j’ai du faire pas mal de travaux et c’est à ce moment là que j’ai fais mes premières expériences avec le béton. C’est un matériau qui m’a toujours fasciné, notamment dans l’architecture brutaliste qui m’inspire beaucoup. J’aime sa texture et sa plasticité, il est assez facile à mettre en œuvre mais ce qui me plait surtout avec le béton ce sont les accidents, les traces, et toutes les surprises lors du démoulage. C’est ce qui rend chaque pièce unique.
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Quel est ton processus créatif avec le béton ?
Toutes mes idées se concrétisent d’abord par le dessin. Je dessine beaucoup avant de me lancer sur un premier prototype. Je suis assez « archaïque » dans ma manière de faire, j’utilise très rarement l’ordinateur, mes prototypes sont fait de papier, d’emballages ou de plastique récupérés. A partir de cela je crée un moule en silicone afin de pouvoir reproduire l’objet en série.
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Quelle est pour toi la partie la plus difficile de ce process ?
C’est clairement la création du moule en silicone, cela demande beaucoup de réflexion car il faut anticiper le démoulage, c’est à dire faire en sorte qu’il soit le plus simple possible. Par exemple avec mes châteaux d’eau, comme ce sont des vases, il a fallu aussi penser l’intérieur. Il y a souvent plusieurs essais avant de trouver la bonne combinaison.
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Quelle est l’histoire de ton atelier ? En quoi est-il important ou accessoire ?
Quand il a fallu que je me trouve un atelier j’ai tout de suite pensé à cette dépendance inexploitée chez mes parents. Cela avait du sens pour moi car c’est ma maison d’enfance et il y avait déjà le petit atelier de mon père qui était peintre et bricoleur. J’ai fais de gros travaux pour réhabiliter l’endroit et aujourd’hui c’est une évidence ! Je pense que c’est important d’avoir un endroit que l’on peut s’approprier et dans lequel on se sent bien. Aujourd’hui j’entreprends encore quelques travaux pour aménager un showroom afin de pouvoir accueillir les visiteurs et mettre en avant mes créations.
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Quels sont tes outils indispensables ?
Une balance ! Indispensable pour mes dosages quand je prépare le mortier… 😉 Sinon j’utilise beaucoup d’outils différents mais j’arrive toujours à me débrouiller et à bidouiller lorsqu’il m’en manque un.
Y’en a-t-il d’autres que tu aimerais avoir ?
J’aimerais bien avoir une imprimante 3D mais comme j’arrive pas à rester plus de 5 minutes sur un ordinateur…
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Y’a-t-il des astuces qui t’ont fait gagner du temps dans ton process de production ?
En général tant que je ne suis pas satisfait par le résultat, je n’économise ni le temps ni les matériaux… C’est souvent rétrospectivement que je me rends compte que j’aurais pu sauter des étapes dans la création ou faire autrement. Les échecs font partie du process et sont souvent très instructifs… Et mon entourage est toujours de bon conseil !
Y’a-t-il des pièces en béton que tu rêves de faire mais dont tu n’as pas pour l’instant de solution technique de mise en œuvre ?
Le mortier que j’utilise est spécialement conçu pour faire des pièces très fines et détaillées mais aussi des structures autoportantes et c’est justement ce que j’aimerais expérimenter en créant des petites pièces d’architectures mêlant art et design.
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Vis-tu de tes créations (on sait tous que ce n’est pas facile 😉 ) ?
J’y travaille !! 😉
Comment ton travail créatif rythme-t-il ta vie ?
On peut dire que je suis tout le temps potentiellement en mode créatif mais comme je produis moi-même je passe beaucoup de temps dans l’atelier à couler du ciment, alors quand j’ai une idée je fais vite un petit croquis sur ce que j’ai sous la main puis je rassemble tous ces dessins dans des carnets.
Quel est le circuit de distribution de tes productions ? Où peut-on trouver tes créations ?
J’ai travaillé avec quelques boutiques auparavant, mais aujourd’hui je préfère vendre moi-même mes créations. Pour l’instant je suis sur Etsy et on peut aussi me contacter via mon site web, mais souvent quand ils le peuvent les gens préfèrent passer directement et visiter l’atelier, c’est plus sympa…
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Dans ton interview sur le blog Bienvenue chez Coline tu disais « J’ai un rapport presque fétichiste aux choses » ; comment se passent les séparations avec les objets que tu créés lorsqu’ils quittent ton atelier pour rejoindre leurs nouvelles maisons ?
Je ne suis pas attaché « physiquement » à mes objets, ce que j’aime surtout c’est l’idée qu’ils portent un message diffus qui voyage avec eux.
Comment a évolué ton activité depuis le début jusqu’à aujourd’hui ?
Mon travail est devenu plus cohérent et je me disperse moins dans différents projets. Je m’applique beaucoup à travailler l’identité visuelle de mon univers à travers de belles photos ou un logo par exemple. Aujourd’hui j’ai beaucoup gagné en visibilité notamment grâce aux réseaux sociaux dont les retours positifs sont très motivants.
Quels sont tes projets ?
Je suis en train de créer un espace showroom / studio photo au-dessus de mon atelier, cela me permettra de présenter mes objets aux visiteurs. Ensuite je m’attaquerai au e-shop ! A côté de ça je continue de plancher sur mes futures créations…
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Le site de Jérémie Duprey.
La boutique en ligne de Jérémie Duprey.